par Olivier Macaux
Présentation de la conférence
La
personnalité d’André Malraux demeure encore aujourd’hui insaisissable : en
effet, quel rapport existe-t-il entre le jeune poète cubiste des années vingt
et le pilleur de tombes cambodgiennes ? entre le contempteur du régime
colonial indochinois et le notable gaulliste des dernières années ? entre
le compagnon de route des républicains espagnols et le ministre de la
Culture ? Homme de paradoxes, Malraux a fondé son œuvre sur cet
adage : la vérité ne peut surgir que de la légende.
Nous
tenterons de montrer la construction de cette légende biographique et
littéraire : Malraux entremêle la vie et l’œuvre et joue des mystères pour
se forger un destin et en dire toute la grandeur. Nous évoquerons le romancier
des révolutions et des guerres qui obtient une célébrité internationale grâce à
son évocation remarquable de la révolution chinoise dans Les Conquérants
(1928) et La Condition humaine (1933) et de la guerre d’Espagne dans L’Espoir
(1937). En mêlant actualité et fiction, Malraux amorce une réflexion
métaphysique sur l’Histoire et l’engagement politique, revisitant les notions
d’héroïsme, de liberté et d’angoisse existentielle à travers un mode de
narration et d’écriture résolument moderne.
Dans les
années cinquante, Malraux délaisse le roman pour une imposante réflexion sur la
création artistique. Cette démarche esthétique, déployée dans les trois volumes
de La Psychologie de l’art, permet d’établir le musée imaginaire de
l’auteur, mêlant classiques et modernes, de Rembrandt à Picasso. Dans les
années soixante, Malraux accompagne le retour politique du général de Gaulle,
exerce une activité ministérielle mais ne délaisse pas pour autant la pratique
littéraire : ses écrits autobiographiques réunis dans Le Miroir des
limbes (1976) témoignent d’un renouveau de son inspiration, éclairant le
parcours exceptionnel d’un écrivain qui n’a cessé de se confronter à l’histoire
politique et artistique de son siècle.
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